Redoutée par les proviseurs, attendue par les familles, la radiographie des résultats  au bac 2001 des lycées viennent d'être communiqués par le ministère de l'Education nationale. Sur l'ensemble des indicateurs fournis, les DNA ont choisi d'en publier cinq : ils donnent une assez bonne image des résultats au bac et des performances pédagogiques des lycées, à condition de prendre la peine de les " croiser ".
Pour chaque établissement, il est absolument nécessaire de prendre en compte l'ensemble des paramètres. On ne doit surtout pas faire l'impasse sur les taux attendus qui corrigent les taux bruts, quelquefois de manière radicale.

Question de profil

L'exercice global n'est pas facile, plutôt rébarbatif, mais comme les parents le disent souvent à leurs enfants : tout se mérite dans la vie. Les plus tenaces pourront d'ailleurs aller chercher un complément d'information sur le site Internet du ministère (www.education.gouv.fr/ival).

Cette fois encore, les DNA n'ont pas voulu opérer de classement entre les établissements, car cela reviendrait à désigner des "bons" et des "mauvais" lycées. Or ce genre d'appréciation relève d'une foule d'éléments qui ne se limitent pas aux seuls résultats au bac et qui sont liés, pour une bonne part, au parcours personnel d'un élève.

Les parents toujours à la recherche du "meilleur" lycée devraient plutôt se poser la question : quel est l'établissement le plus adapté au profil de mon fils ou de ma fille? Un lycée élitiste conviendra certainement à un enfant accrocheur, enclin à la compétition et capable d'essuyer des revers. Mais il pourra tout autant dégoûter des études un élève moyen, et/ou peu porté sur le stakhanovisme.

Sur le fond, la question de la publication des indicateurs de performance au bac reste toujours d'actualité. Le ministère les édite dans le but d'informer, certes, mais aussi de fournir aux équipes pédagogiques des outils qui les aident à améliorer l'efficacité de leur action.

A quoi cela sert -il en effet d'évaluer les lycées s'ils n'en retirent aucune leçon? A peu près à rien, a répondu en substance le Haut conseil à l'évaluation de l'école qui s'est prononcé suc le sujet en janvier dernier. Pour le HCCE, les évaluations doivent déboucher sur un programme d'actions élaboré par le lycée et les autorités de tutelles qui les engageraient.

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Pour apprécier correctement les performances des lycées, il faut bien cerner les différents indicateurs pris en compte par le ministère de l'Éducation nationale. 11 est fortement déconseillé de faire l'impasse sur cet exercice de compréhension, même s'il s'annonce (très) ardu.

  Taux de réussite   

Le taux de réussite brut est l'indicateur le plus connu et le plus facile à comprendre. Il établit pour chaque lycée la proportion d'élèves reçus au bac sur l'ensemble des candidats qui se sont présentés à l'épreuve. II est donné ici toutes séries confondues.
La simplicité de cet indicateur a son revers : il ne suffit pas pour juger la performance d'un établissement. S'il montre la réussite au bac dans tel lycée en 2001, il n'indique pas les chances que possède un de ses élèves d'obtenir le bac, même en redoublant.
Le taux de réussite favorise par ailleurs les établissements qui se séparent des mauvais élèves, voire des moyens. A l'opposé, il pénalise ceux qui tentent de les amener jusqu'au bac.

 Taux de réussite attendu 

Le taux de réussite attendu indique le résultat auquel le lycée devrait parvenir compte tenu des caractéristiques de la population qu'il accueille (âge, catégorie sociale...). Il est établi en fonction de la réussite au bac de l'ensemble des candidats de l'académie qui présentent le même profil.

L'écart qui peut exister entre le taux de réussite et le taux de réussite attendu exprime la valeur ajoutée de l'établissement. Il montre sa capacité à conduire des élèves moins brillants jusqu'au bac. Cette indication s'avère plus particulièrement instructive pour les lycéens qui n'ont pas l'habitude de caracoler en tête de classe. II peut être plus intéressant pour eux d'intégrer un lycée à forte valeur ajoutée qu'un lycée qui cartonne uniquement sur ses résultats bruts.

 Taux d'accès 

Le taux d'accès indique les chances d'un élève de seconde générale et technologique ou de 1année de bac professionnel d'aller jusqu'au bac, en restant dans l'établissement. Et ceci, quel que soit le nombre d'années dont il aura besoin. L'indicateur renseigne en même temps sur la proportion d'élève qui ont quitté l'établissement au cours de leur scolarité.

Ces départs peuvent résulter de différents facteurs :
- Les élèves ont déménagé : un élément sur lequel le lycée n'a pas prise. 
- Ils n'ont pas trouvé au lycée la section qu'ils souhaitent intégrer et ils ont dû changer d'établissement ; leur départ tient à la structure et à la taille du lycée, et non à son efficacité.
- Les jeunes ont été orientés vers une section qui n'existe pas au lycée dans le but de les "éjecter" proprement : le lycée pratique une politique de sélection.

 Taux d'accès attendu 

Le taux d'accès attendu indique le résultat auquel le lycée devrait parvenir compte tenu des caractéristiques de sa population scolaire. L'écart entre le taux d'accès et le taux d'accès attendu exprime la valeur ajoutée de l'établissement.

Taux de bacheliers parmi les sortants de terminale

Le taux de bacheliers parmi les sortants est l'indicateur le plus difficile à cerner. Il estime les chances d'un élèves inscrit en terminale, ou en seconde année de bac professionnel, de quitter l'établissement en étant bachelier - y compris en redoublant la terminale. Un taux de 91 % , par exemple, estime à 9 % la proportion d'élèves qui quittent le lycée sans le bac.

Cet indicateur mesure la capacité d'un établissement à faire obtenir le bac à ses élèves, même au prix d'un redoublement. Un lycée qui sélectionne et qui n'autorise pas (ou à peine) le redoublement aura une valeur plus faible qu'un lycée qui laisse plusieurs chances à ses élèves.

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Que pensent les chefs d'établissement de la publication des résultats au bac des lycées? Hélène Burel, proviseur au lycée Louis Pasteur de Strasbourg donne son avis

"Les résultats sont des faits: je ne vois pas pourquoi on ne jouerait pas la transparence." Favorable à la publication des indicateurs de performance des lycées, Hélène Burel voudrait pourtant les voir assortis de commentaires.
"Les parents ont une interprétation linéaire des paramètres: ils pensent qu'un bon taux induit un bon lycée, donc de bons profs, donc de bons cours, et que si leur enfant est scolarisé dans cet établissement, il aura forcément le bac"  Même si le lycée Pasteur présente un taux de réussite relativement peu élevé (71 %), "je pense que je dirige un bon lycée, avec de bons enseignants, et qu'on y fait de bons cours", martèle le proviseur.

Le hiatus s'expliquerait par les caractéristiques de la population accueillie. "Je scolarise des élèves qui sont les premiers de leur lignée à accéder à ce niveau d'étude : les enseignants réalisent des performances pédagogiques phénoménales pour permettre à la majorité d'entre eux d'accéder au bac. "

Les atouts qualitatifs

Pour Hélène Burel, la qualité d'un lycée se mesure également au vu d'éléments que les chiffres ne donnent pas. "A Pasteur, on permet à un élève de se découvrir et de développer tous ses talents, on lui donne une ouverture sur la vie, on prépare son orientation post-bac et on l'écoute."

Pourquoi ne connait-on pas le taux d'accès au bac du lycée ? "Parce que ce chiffre livré sans explication pourrait laisser penser que nous éliminons bon nombre d'élèves entre la seconde et la terminale, ce qui est faux", explique Hélène Burel. Les "fuites" résultent en fait de la spécificité du lycée.  Louis-Pasteur scolarise 110 sportifs de haut niveau issus du grand Est : certains quittent l'établissement pour poursuivre ailleurs leur carrière sportive, d'autres abandonnent la structure sportive et retournent dans leur établissement d'origine. "Les départs ne concernent pas les élèves ordinaires que nous scolarisons... "

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Comment apprécier la performance d'un lycée ?

Ne pas s'en tenir au seul taux de réussite. D'autres indicateurs sont également à considérer : le taux d'accès au baccalauréat permet d'apprécier le caractère plus ou moins sélectif des établissements et le parcours scolaire des élèves depuis leur entrée en seconde ou en première jusqu'au baccalauréat; la proportion de bacheliers parmi les sortants apprécie la capacité des lycées à faire obtenir le baccalauréat à leurs élèves, y compris grâce à des redoublements efficaces.

Tenir compte des élèves. Alors que le taux moyen de réussite au baccalauréat général et technologique est de 78,7%, celui des candidats âgés de 20 ans et plus n'est que de 68,3%. alors que ceux âgés de 18 ans et moins réussissent à 86,4% (chiffres 2001). II est clair que pour un lycée qui accueillerait une population scolaire majoritairement en retard de deux ans ou plus, la référence à laquelle comparer ses résultats, si l'on veut être équitable, n'est pas de 78,7% mais plutôt 68,3%. C'est pourquoi les taux de réussite et d'accès de chaque lycée doivent être comparés à des taux "attendus" calculés en tenant compte des caractéristiques (âge et milieu social) des élèves qui le fréquentent. On dégage ainsi une "valeur ajoutée" du lycée qui offre une approche relative de sa performance.

Que penser des "classements" des lycées ? Seul un regard croisé sur les trois indicateurs et sur la .valeur ajoutée" calculée pour chacun d'eux permet une appréciation convenable de la performance d'un lycée. Dans ces conditions, il faut se méfier des classements établis sur un seul critère.

Pour consulter l'ensemble des indicateurs : 

sur internet: www.education.gouv.fr/ival 

sur Minitel: 3615 EDUTEL puis IVAL

Source : DNA du 16 avril 2002