Quelques avis d'enseignants ... |
Jean-Jack ROUVIER, instituteur à Avignon "quand la mairie est riche ou le maire convaincu, ça va ; sinon le matériel manque" Cocréateur du " Net des cartables" avec deux autres profs, Jean-Jack Rouvier est fier de son bébé. Cette coopérative d'enseignants à but non lucratif, comme il la définit, tient à jour, entre autres, une liste d'écoles connectées à l'internet et reçoit plus de 3 000 visites par jour. L'instituteur avignonnais pointe le principal problème auquel se heurtent les profs qui, comme lui, croient à cet "outil pédagogique supplémentaire ". "Certaines mairies y croient plus que d'autres ou sont plus riches. Du coup, dans beaucoup d'écoles, le matériel manque. " Chez Jean-Jack Rouvier par exemple, l'école compte 7 appareils (dont 4 PC) pour 350 enfants et 14 classes. Comment, dans ces conditions, arriver à mettre un PC par classe? Par ailleurs, les possibilités de formation continue des maîtres sont insuffisantes. Or, elles sont indispensables pour que le matériel ne soit pas relégué au fond d'une salle. " Dans le Vaucluse, deux stages d'informatique seulement seront ouverts l'an prochain, regrette Jean-Jack Rouvier. Plus d'autres sessions, mais pour quelques écoles seulement. " Moins d'une centaine d'instituteurs pourront donc se former à l'usage pédagogique du web. Sur 3000 dans le département ! Alain ROBBES, instituteur en CM2 à Darnetal (près de Rouen) "notre école a choisi de faire partie des unités pilotes où les enfants ont un e-mail gratuit" Avec trois ordinateurs, il en fait un. Alain Robbes, instituteur en CM 2, est tombé dans l'informatique il y a vingt ans, quand il était au lycée. La salle d'informatique de son école est équipée de treize PC : quelques-uns ont été achetés par les familles, les autres ont été donnés par les parents ou les entreprises. Sept sont connectés au web, la mairie payant la connexion. Un bel arsenal. L'école d'Alain Robbes a été choisie pour faire partie, avec d'autres établissements des académies de Rennes, de Rouen et de Créteil, des unités pilotes où les élèves ont une boite aux lettres électronique. La Poste a fourni une adresse aux enfants. Quatre-vingts élèves sur cent quatre-vingts correspondent avec des membres de leur famille, avec une autre école et avec Denis Cheyssoux, de France Inter, raconte Alain Robbes. L'avantage de l'ordinateur, conclut le prof bricoleur, est de ramener vers l'écrit des enfants qui en ont bien besoin car, avec les nouvelles technologies, ils n'éprouvent plus le besoin d'écrire. " Michel AGUELON, professeur de biologie au lycée Victor Hugo à Caen "les profs passionnés d'informatique sont isolés et finissent par s'épuiser" Une expérience extraordinaire. " Certains élèves se sont réveillés, je dirais même révélés " Michel Aguelon ne pèse plus ses mots. À la rentrée dernière, il a eu l'idée de monter un site pour ses élèves. II y a passé ses week-ends. A l'époque, il ne connaissait rien au web. Mais le jeu en valait la chandelle. "J'ai correspondu par e-mail avec une quinzaine d'élèves qui me posaient des questions sur mes cours, dit-il. J'ai mis en ligne mes corrigés et les préparations des devoirs. Des élèves ont rédigé et fabriqué des pages web, dans le cadre des TPE (travaux personnels encadrés). " Le site contient aussi un mode d'emploi des principaux moteurs de recherche. Pourtant, Michel Aguelon n'est pas sûr de rempiler. Épuisé par ces heures de bidouillage informatique, il se sent isolé. " Si nous étions plusieurs, nous pourrions nous relayer. Mais faute de formation et de matériel, mes collègues ne sont pas motivés. J'ai fait un audit interne sur l'utilisation du Net. Seuls 10% des profs ont répondu, et encore certains l'ont fait parce qu'ils m'aiment bien ... " Thierry PIOT, maître de conférences en sciences de l'éducation à l'université de Caen "fournir un ordinateur aux élèves en difficulté permet de favoriser leur autonomie et de les motiver" Spécialiste du multimédia dans l'enseignement, Thierry Piot a été instit avant de devenir chercheur. Pour lui, il est essentiel que les enfants utilisent le PC à l'école puisque " trois élèves de CM 2 sur quatre s'en serviront dans leur vie professionnelle ". Par ailleurs, c'est entre 6 et 12 ans "que la capacité d'apprentissage est à son maximum, poursuit-il. L'ordinateur favorise l'autonomie de l'élève. C'est important pour les élèves en difficulté qui ne sont pas motivés par l'école. " L'ordinateur permet aussi d'adapter la difficulté des exercices au niveau de chacun et signale les erreurs. Et le maître ? " La machine ne produit rien en elle-même, répond Thierry Piot ; c'est la manière dont le prof s'en sert qui compte. " Les Québécois parlent de " pédagogie par-dessus l'épaule ", par opposition à l'enseignement " frontal ". Génial, alors, l'écran devant le tableau ? " Chaque fois qu'une innovation arrive, prévient le chercheur, elle profite d'abord à ceux qui en ont le moins besoin. Les bons élèves ont déjà un PC chez eux. L'écart risque de se creuser avec ceux qui n'utilisent l'ordinateur qu'à l'école". Source : Newbiz septembre 2001 |
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Dernière mise à jour : samedi 21 décembre 2002 |