Ces petites phrases qui nous échappent 
 
Enfants, nous avons tous entendu des petites phrases anodines mais assassines. Pourtant nos parents ne pensaient pas à mal. Évitons d'imposer à nos enfants des jugements réducteurs et stériles

On est las ou énervé. À moins aussi que l'on en ait assez que notre enfant répète la même erreur, même involontaire. Et nous voilà, le sourire et la remarque ironique aux lèvres, lui asséner une de ces petites phrases anodines. Anodines mais assassines. Bien longue est la liste de ces paroles tranchantes, prononcées presque innocemment, alors qu'elles risquent de saper durablement la confiance en soi de nos enfants. 

Par exemple : "C'est bien là tout ton père ! " " Mais tu n'arriveras donc jamais à tenir sur ce satané vélo ? " "Nulle, tu es nulle !" " Tiens, voilà Madame Pipi au lit ! ", " il t'arrive donc de réfléchir ? " " Que tu es donc lourdaude ! "

Réductrices et dépréciatives, ces petites phrases ont pour point commun de s'ancrer dans le jugement qui se situe à l'opposé de la bienveillance. " Ces mots qui réduisent l'enfant à ce qu'il n'est pas ou à ce qu'il ne sait pas faire, ne peuvent que le culpabiliser, explique Jeanne Foulon, psychothérapeute. Car, face à des parents qu'il place sur un piédestal et qui lui semblent incontestables, il n'est pas en mesure de se protéger contre leurs reproches et leurs condamnations."

Des mots pires que des coups

L'enfant intègre le jugement porté sur lui par ses parents car il ne peut relever que de la stricte vérité. Même s'il semble se débattre, s'opposer et se mettre en colère, il fait sien le regard que l'on porte sur lui. " Pour l'enfant, ces mots peuvent être bien pires que des coups, analyse Christiane Olivier, psychanalyste. Traduisant souvent une attente inconsciente du parent, l'enfant reçoit parfaitement ce qui sous-tend le jugement : du rejet."

Pourquoi laisse-t-on alors libre cours à ces paroles que l'on sait peu constructives? " Ces mots qui nous échappent sont le fruit de projections que nous ne maîtrisons pas, reprend Christiane Olivier. Ils traduisent des pensées et désirs inconscients qui, non satisfaits, se transforment en déception, en représailles et en dénigrement systématique." Comme Catherine qui, ayant échoué au bac, reproche à son fils de ne s'intéresser à rien, sans jamais soupçonner qu'elle est en train de régler un compte avec elle-même.

Des reproches relativisés

Que faire alors pour éviter de blesser inutilement ceux que l'on aime ? " II faut commencer par repérer ce penchant et par accueillir la colère qui sourd en soi, conclut Elisabeth Thénot, thérapeute. C'est une bonne manière pour agir et détourner l'agressivité de l'enfant. Ensuite, il faut à tout prix éviter d'abuser du "tu" qui ne peut qu'être réducteur. Remplacer le "tu es désagréable" par un "je te trouve désagréable en ce moment" permet de relativiser le reproche, de ne pas culpabiliser l'enfant et de remettre chacun à sa place."

Autrement dit, c'est en assumant nos sentiments et en les formulant comme tels, que l'on peut éviter d'enfermer nos enfants dans des jugements humiliants. " Si au lieu de me dire sans arrêt: " tu me tues ! ', ma mère m'avait expliqué : ' je me sens fatiguée et je te demande de faire plus doucement ", je pense que cela aurait été plus efficace. Au lieu de croire que j'allais la tuer pour de bon, j'aurais pu m'appuyer sur un discours sensé et changer ainsi de comportement..." 

Pour en savoir plus :

Parents efficaces, Dr. Thomas Gordon, Marabout, 5,5o euros 

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Laurence Seugé

Source : Vies de Famille (septembre 2003)

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 Dernière mise à jour :  dimanche 28 décembre 2003