Une
véritable incapacité à aller à l'école ! La phobie scolaire
est une pathologie reconnue. Elle doit être prise au sérieux
par l'entourage de l'enfant et faire l'objet d'un traitement.
Nombre
d'enfants ont un peu mal au ventre, le matin, avant de partir à
l'école. Un petit désagrément qui disparaît dès qu'ils
arrivent au portail de leur établissement. Rien à voir avec la
phobie scolaire, véritable peur panique qui empêche certains
enfants d'être scolarisés normalement. Cette pathologie,
aujourd'hui reconnue, se manifeste par une agitation dès que
l'heure de quitter la maison a sonné, puis par des pleurs, des
cris et, parfois, des troubles somatiques (maux de ventre ou de
tête, vomissements...) qui traduisent une angoisse impossible
à raisonner. Dès que l'enfant n'est plus confronté au départ
à l'école, il devient en revanche plus conciliant et est
capable de parler de son comportement (l'enseignant est
sévère, les autres élèves sont méchants...).
Cette
pathologie apparaît entre 5 et 14 ans, surtout au moment de
l'entrée à l'école élémentaire ou au collège. Elle touche
environ un enfant sur cent et semble plus fréquente chez les
garçons. Les crises d'angoisse, même si elles ne sont pas
spectaculaires, font beaucoup souffrir l'enfant phobique, qui
peut en perdre l'appétit et le sommeil, et même être amené
à fuguer ou à parler de suicide.
Ses
camarades ont tendance à le trouver " anormal
" et qualifient parfois sa maladie de "folie".
Quant aux parents, ils se trouvent la plupart du temps
désemparés devant l'attitude de leur enfant. |
70
% des
enfants souffrant de phobie scolaire parviennent à
travailler à la maison et à éviter un retard
scolaire. |
Le
problème originel de la phobie scolaire n'est pas forcément
l'école ou les relations sociales. "Cette pathologie peut
avoir différentes causes, explique le professeur Marcel Ruffo,
pédopsychiatre à Marseille. Elle se déclare souvent suite à
un deuil survenu dans l'entourage de l'enfant. Celui-ci réagit
alors comme s'il y avait une possibilité qu'en sortant de chez
eux, ses parents et lui risquent de mourir. " Autres
explications : la peur de se séparer de ses parents, empêchant
l'enfant de quitter sa famille pour aller vers plus d'autonomie
(certains craignent que leurs parents divorcent pendant leur
absence), ou la peur des relations sociales, du regard des
autres, de la critique d'un professeur. C'est parce que le
système scolaire est le système social de l'enfant par
excellence que le refus se porte sur l'école.
Une
thérapie avec un pédopsychiatre suffit, pour certains
enfants, à calmer les angoisses et à leur permettre de
reprendre le chemin de l'école. Pour d'autres, une
hospitalisation dans un service de psychiatrie est nécessaire.
Dans tous les cas, la thérapie passe par la recherche de
l'origine de l'angoisse et le soutien de la famille. Pour
poursuivre sa scolarité, l'enfant peut travailler par
correspondance avec le Cned (Centre national d'enseignement à
distance) ou bénéficier d'une Aide pédagogique à domicile (Apad).
Certains hôpitaux ont également ouvert des centres scolaires
ou des ateliers éducatifs, lieux privilégiés de
resocialisation, où les enfants travaillent en petits groupes
et réapprennent, ensemble, à sortir progressivement de la
structure qui les protège.
Florence
Jacquemoud
Source
: La revue des Parents (décembre 2002)
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