Avoir
un enfant homosexuel : accepter, pour l'aider à construire
sa vie. Le dialogue et l'affection sont indispensables pour
vivre le mieux possible l'homosexualité de son enfant, qui ne
relève ni d'un choix ... ni d'une maladie !
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"
L'homosexualité est rarement envisagée dans les
traditions culturelles et éducatives familiales,
souligne l'association Contact (1). L'enfant homosexuel
se situe généralement hors du cadre normalement prévu".
En effet, bien que les mentalités aient beaucoup
évolué ces trente dernières années, force est de
constater qu'aujourd'hui encore, la révélation de
l'homosexualité d'un enfant est souvent difficile à
vivre pour une famille. |
(1)
Contact est une association de parents, familles et amis
d'homosexuels, présente dans plusieurs villes en
France. Elle organise des réunions, assure des
permanences téléphoniques et publie des brochures
d'information comme le livret " Notre enfant est
homosexuel ". Contact Paris : 01 44 54 04 70. |
Certains
parents, très malheureux, se demandent ce qu'ils ont
bien pu faire pour en arriver là et pourquoi ils n'ont
rien remarqué avant. " Il est essentiel d'examiner
avec les parents leur sentiment de perte, explique la
psychothérapeute Mariana Castafeda (2) |
(2)
" Comprendre l'homosexualité ", par Maria
Castaneda, Editions Robert Laffont, 1999 (édité en
version poche en 2001). |
Ce n'est
pas qu'ils soient en train de perdre leur fils (ou leur fille),
mais ils doivent renoncer, subitement, à toute une série de
projets et d'illusions qu'ils ont chéris et cultivés pendant
de longues années. Il est naturel qu'ils passent par une étape
de deuil, semblable à celle de leur fils (ou leur fille) quand
il (ou elle) a pris conscience de son homosexualité. Et ce
processus comprendra, de la même façon, des éléments de
déni, de colère, de dépression, de culpabilité... jusqu'à
ce qu'ils arrivent, si tout va bien, à l'acceptation.
Les
parents cherchent alors souvent à comprendre pourquoi leur
enfant est homosexuel. Or " l'homosexualité n'est la
"faute" de personne ", reprend Mariana Castaneda.
Elle résulte très certainement d'un mélange de facteurs
biologiques, sociaux, culturels, familiaux et personnels, mais,
en tout état de cause, les parents ne sont pour rien dans le
fait que leur enfant est homsexuel. L'enfant n a pas
choisi cette situation. C'est comme ça, et il faut faire avec !
" témoigne Annie, adhérente de Contact Sud-Ouest.
"
Maman, je n'ai rien choisi du tout "
"
Dans la chambre de mon fils, j'ai vu un livre ouvert qui
parlait d'homosexualité, un cahier intime où il disait
que nous ne comprendrions pas. Ma femme et moi étions
effondrés. Lorsqu'il est revenu, nous lui avons
expliqué ce que nous savions. Avec le recul, je pense
au soulagement qu'il a dû ressentir." (un père de
Contact Aquitaine) " Quand mon fils m'a annoncé
son homosexualité, je lui ai dit qu'il avait choisi un
chemin difficile. Et lui m'a répondu: "Maman, je
n'ai rien choisi du tout." Lorsqu'il l'a appris à
ses amis, tous font bien accepté. Le seul qui a eu une
réaction violente a annoncé, six mois après, qu'il
était lui aussi homosexuel". (Annie) |
L'important
est alors que les que les parents parents ne s'emmurent
pas dans la douleur, mais osent parler à leur
enfant et rencontrer d'autres parents, par exemple par
le biais d'associations comme Contact. Certains
éprouvent un sentiment de honte,
ont peur d'être reconnus ou mal compris. Or, discuter
avec des personnes vivant la même situation peut
constituer un bon début de thérapie " A chaque
réunion organisée pour les parents et/ou leurs
enfants, les participants reconnaissent que parler (ou
même simplement écouter) leur permet d'aller mieux
", raconte Marie, une autre adhérente de Contact
Sud-Ouest.
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Ce genre
de rencontres permet tout d'abord de rappeler ? si cela était
encore nécessaire ? que l'homosexualité n'est ni une maladie,
ni une tare, ni une perversion. Ce n'est pas un choix non plus,
ni un effet de mode, mais cela concerne tous les milieux sociaux
et culturels. " Nous expliquons aux parents qu'il est plus
important que jamais de continuer à aimer son enfant comme
avant, poursuit Marie. Il ne faut pas chercher à le faire
changer. Certains enfants, devant le grand désarroi de leurs
parents, qui veulent à tout prix essayer de les
"guérir", en arrivent à se suicider". Pour
Mariana Castaneda, il semble que la relation entre les parents
et leur enfant homosexuel souffrirait moins s'ils pouvaient
partager le deuil, qui est réel des deux côtés.
Même
si " la pilule est difficile à avaler " pour des
parents qui avaient bâti un autre scénario de vie pour leur
enfant, il est fondamental que ceux?ci ne le rejettent pas. 11
faut, au contraire, le soutenir, montrer qu'on l'accepte comme
il est et l'aider à construire sa vie.
L'appui des parents rend plus fort vis-à-vis de l'extérieur
", répète Marie. D'autant que, pour l'enfant, la
découverte de sa " différence " (parfois précoce,
vers 7 ou 8 ans) est déjà source de souffrance, parce qu'il
n'est pas comme la majorité de ses camarades et qu'il craint de
blesser ses parents. " Le plus difficile est d'accepter le
quotidien, complète Annie. Lorsque votre fils amène son copain
à la maison et qu'ils dorment tous les deux dans le même lit,
ce n'est pas facile à admettre. " Mais rien n'empêche les
parents de fixer des règles de conduite sous le toit familial,
comme ils le feraient pour des enfants hétérosexuels.
Autre
point critique, surtout lorsque les parents n'ont qu'un seul
enfant : celui des petits-enfants qu'ils n'auront jamais. Etre
homosexuel ne veut toutefois pas dire qu'on n'ait pas la fibre
parentale. Bon nombre attendent beaucoup de l'évolution des
mentalités et de la législation en matière d'adoption. Reste,
enfin, que les parents peuvent aussi se faire du souci quant à
l'avenir de leur enfant. La société française a,
heureusement, réalisé d'importants progrès en matière
d'ouverture d'esprit, oeuvrant ainsi en faveur de l'intégration
des homosexuels et du recul de l'homophobie. La mise en place du
Pacs (pacte civil de solidarité) en 1999, l'organisation de la
gay pride, la révélation de l'homosexualité de personnalités
telles qu'Amélie Mauresmo (joueuse de tennis), Bertrand
Delanoé (maire de Paris), Pascal Sevran (présentateur à la
télévision)... aide à la tolérance des parents, qui se
rendent ainsi compte qu'on peut être homosexuel et être
heureux dans sa vie privée et professionnelle.
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L'avis
de la FCPE : accueillir l'amour différent |
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Il
n'est pas facile pour un(e) jeune de découvrir son
homosexualité. Alors que l'enfant baigne dans une
culture à dominante hétérosexuelle, la découverte et
l'affirmation de son identité sexuelle se révèle
source d'angoisse et d'inquiétude. A cela s'ajoute la
nécessité, voire le besoin de confier son
homosexualité à sa famille afin d'y recevoir
l'écoute, la confiance et le soutien dont il a besoin.
La société française a profondément évolué sur ce
sujet et est devenue plus tolérante qu'elle ne
l'était. Aujourd'hui les homosexuel(le)s peuvent
légitimement revendiquer un droit à l'indifférence
qui est un droit à aimer dans sa différence... comme
chacun d'ailleurs. Alors, il faut dédramatiser et
accepter son enfant tel qu'il est, dans le respect de
son identité sexuelle en lui permettant une vie
affective riche et épanouie. Car enfin, le plus
important, n'est-ce pas l'amour ?
Faride
Hamana
Secrétaire général |
1981
Date
à laquelle, en France, l'homosexualité est rayée de
la liste des "maladies mentales"
(l'Organisation mondiale de la santé ne la supprimera
qu'en 1993) et où les homosexuels ne sont plus fichés. |
5
à 10%
des
Occidentaux, hommes et femmes, auraient des pratiques
homosexuelles ou une attirance pour des personnes du
même sexe qu'eux.
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67
%
En
1975, un sondage (Sofres) montre que 24 % des Français
considèrent l'homosexualité comme une manière
acceptable de vivre sa sexualité. En 1996, ils sont 67
% (Ifop). |
Florence
Jacquemoud
Source
: La revue des Parents (octobre 2001)
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