|
|||
Georges
DUPONT-LAHITTE, dans la Lettre "la famile et l'école" du 8
février 2001, estime qu'en ce qui concerne les langues à l'école
primaire, les annonces ont été faites de manière précipitée et sans
vue d'ensemble.
Nombre d'heures à y consacrer, méthode, objectifs en termes de contenu ... autant de questions qui n'ont pas de réponse ou du moins qui sont renvoyées à l'élaboration de nouveaux programmes pour le primaire.
|
|||
2001, année européenne des langues : cette initiative traduit le souci légitime de l'Union Européenne et plus largement du Conseil de l'Europe de faire vivre la diversité linguistique qui caractérise notre continent. Développer la capacité de connaître l'autre et de communiquer avec lui, un défi, un enjeu pour la paix et l'amitié entre les peuples, qui dépasse largement les simples questions d'échanges économiques. Bien entendu, la FCPE humaniste et laïque adhère à une telle démarche. Pour que cette haute ambition puisse vivre, il faut que cela se traduise dans les politiques éducatives nationales et nous savons tous combien la France a de retard dans ce domaine. Visiblement, le ministre de l'éducation nationale entend prendre à bras le corps cette question. Nous nous pouvons que nous en féliciter, d'autant plus que cela correspond à une attente forte des parents. Tout est donc pour le mieux ? Il nous faut malheureusement déchanter. Certes les objectifs présentés ne manquent pas d'ambition, pourtant ils laissent une impression de catalogue de bonnes intentions sans aucune véritable ligne directrice à la hauteur. Le principe d'un apprentissage précoce des langues est largement partagé et sert de point de départ aux mesures présentées. 2002 : tous les élèves de grande section de maternelle et de CE2 apprendront une langue étrangère ; 2001, tous les élèves de CM1 devront commencer cet apprentissage. Dans l'absolu, nous ne pouvons que nous en féliciter. Mais à y regarder de plus près, bien des questions se posent, notamment au vu de la situation actuelle de cet enseignement en CM2, qui, quels que soient les chiffres triomphants du ministère, est pour le moins contrastée ! Comment, en moins de deux ans, sera-t-on en capacité de disposer d'un personnel compétent et en nombre suffisant pour répondre à cet objectif ? A supposer que l'on soit capable de surmonter cet obstacle, comment cela s'inscrit-il dans les programmes qui, quoi qu'en dise Claude Hagège, ne laissent pas les écoliers en "état de sous-exploitation". Nombre d'heures à y consacrer ? Méthode ? Objectifs en termes de contenus ? …. Autant de questions sans réponse, ou du moins qui sont renvoyées à l'élaboration de nouveaux programmes pour le primaire. La volonté d'assurer la diversité des choix est également affirmée, ce qui ne manque pas de nous interroger, au regard des difficultés rencontrées dans ce domaine au collège. Plus globalement, quelle continuité instaure-t-on entre le primaire et le collège tant dans l'offre que du point de vue pédagogique ? Derrière toutes ces interrogations pointe la nécessaire définition d'une philosophie de l'apprentissage des langues qui se traduit en termes de contenu, de progression, d'objectifs concernant la maîtrise d'une ou plusieurs langues étrangères. Si l'on considère par ailleurs que sont actuellement à l'étude des textes sur l'enseignement des langues régionales, il en ressort un sentiment d'approche brouillonne, d'absence de cohérence globale jouant plus l'effet d'annonce que le projet mûrement élaboré. Nous attendons mieux et ne pouvons nous satisfaire de ce qui laisse l'impression d'un discours allant dans le sens du vent.
Talence, le 5 février 2001 Georges DUPON-LAHITTE Président de la FCPE |